
Fernand RICCO est né le 30 mars 1913, dans le petit village de Mons dans l'Est du Haut Var. Il suit sa scolarité à la petite école communale, son enfance, il la passe aux champs, à la ferme, à aider ses parents. Puis il vas apprendre le métier de Boucher avec son oncle Louis PELASSY. Fernand RICCO épouse Léa MARIN le 23 aout 1938.
Nous avons bien connu Fernand, mais ce sera grâce à sa fille Simone que cet article en son hommage a vu le jour. Pour illustrer la vie et l'enfance de Fernand voici un superbe texte extrait du récit de famille que sa fille Simone à écrit en 2016 :
" Marie et Romain RICCO mes grands parents vivaient en pleine nature dans une solide bâtisse de pierres aux murs épais attenante à une étable où cohabitaient l'âne, la chèvre, la chatte et ses chatons, à l'écart une belle nichée de lapereaux, un peu plus haut le coq et quelques poules sans oublier le cochon que l'on engraissait pour avoir une bonne réserve de viande l'hiver.
..." Dans ce terroir aride et venteux, le blé de jadis nourrissait tout le monde, et sa paille devenait un confortable nid pour les animaux.
Quatre kilomètres plus haut (que la ferme) le village aux ruelles étroites à petites ouvertures ne permettait pas au froid hivernal de franchir les seuils.
Au fond du vallon, près des sources de la Siagniole le moulin à farine et moulin à huile faisaient nécessairement partie du décor.
La vie s'écoulait paisible et rude avec une solidarité que l'on ne rencontre plus hélas... la jalousie, l 'hypocrisie étaient bien loin de ces gens simples, leurs seules craintes étaient la maladie et la famine, de ce fait le gaspillage n'existait pas ! ...
Les saisons donnaient le rythme et au fil des jours les années s'écoulaient sans que rien ne trouble, ne déstabilise ces vies bercées par le chant de la nature.

Fernand RICCO sera convoqué tout d'abord pour son service militaire national, et le 10 juin 1940, l'Italie déclare la guerre à la France, il sera mobilisé et affecté au 157em régiment d'artillerie de Position. (R.A.P)
Lors de la bataille des Alpes, il sera bien évidement nommé boucher pour les troupes de son unité dans la forteresse du Mont Agel, l'un des plus haut sommet qui domine la mer méditerranée entre Monte Carlo, Roquebrune Cap Martin et l'Italie coté Est sur la commune de Peille.
Cette fortification faisait parti de la ligne Maginot. Il s'agit d'un gros ouvrage, dont la majorité des infrastructures sont souterraines, avec huit petits blocs émergeant en surface ; son armement consiste essentiellement en deux tourelles d'artillerie.
Petit Historique du 157em R.A.P :
ll est formé à Nice le premier août 1919 à partir du dépôt du 7e RAP et des éléments
du 178 RA . II compte six batteries dont une de DCA à Toulon. La réorganisation de
l'artillerie en mai 1929 lui attribue deux groupes à pied et un groupe de DCA. Les
écoles à feu qui se déroulent au camp des Garrigues se font à partir de l'été 1930
dans le massif de l'Authion.
Regroupé à Nice, le régiment détache des batteries, à tour de rôle, aux forts du Mont-Agel et de la Drette . En 1932, il reçoit les étendards des 7e et 10 RAP dont il garde les traditions.
Le 14 mars 1933, deux nouveaux groupes sont créés, dont un de DCA.
Le PC est à la Trinité puis à la Tête de Lavina (decembre 1939), La Trinité-Victor (mars 1940), Casemate du Mont-Bataille puis à proximité de la Turbie le 10 juin 1940
- Chef de corps : Lt Col CHARMASSON à compter du 29 aout 1939.
1° Groupe dont faisait parti Fernand RICCO est sous le commandement du capitaine BOIFILS
La 1° batterie : Capitaine ROUX
Positions du Mont-Agel (Réduit et Plateau du Mont-Agel)
2 canons de 220 mm L modèle 1917 Schneider , Lieutenant CAPEL
2 canons de 145/155 mm modèle 1916 Saint-Chamond, Lieutenant GUILLOT
2 canons de 155 mm L modèle 1877 de Bange , Lieutenant BARTHELEMY.
2em Batterie: Capitaine Dromard
Position de la Baisse du Pape
3em Batterie : Capitaine Tennevin
Position de La Lavina
(source mémoire d'Alpins & Wikimaginot)




A la capitulation Fernand RICCO rejoint sa femme et son village de Mons où il habite maintenant avec sa femme et son premier enfant. Les denrées alimentaires se faisant rares, il quitte la boucherie et effectue des travaux de bucheronnage. Il ne tardera pas à se mettre en contact avec les premiers réseaux de résistance. Un maquis commence à faire parler de lui dans la région. Ce Maquis, c'est le Maquis VALLIER, celui de SIVERINE et de ses hommes, camouflé en premier lieu dans les gorges de la Siagne, puis sur les hauteurs de Mons.
Ce maquis, sera en contact avec le groupe de résistants de Fernand RICCO qui lui assurent la nourriture et les contacts avec les autres réseaux du Var.

Le ravitaillement des maquis qu'il organise lui ai facilité par l'aide de son camarade Noël PELLASSY, employé aux ponts et chaussées de Fayence qui est l'un des rare à avoir un laisser passer avec son camion Renault de l'administration. Parmi ses missions, la plus périlleuse sera celle de la nuit du 14 au 15 août 1944.
Avec sa camionnette , il vas conduire l'équipe de la mission "Rabelais" parachutée deux jours auparavant.
Vers minuit, Fernand RICCO démarre la ferme de Peyrusse, non loin du lieu de parachutage au Nord de Bargemon.
A son bord il y a le capitaine de l'OSS américain Geoffrey JONES, escorté par 7 gendarmes résistants des brigades de Draguignan, Fréjus et Les Arcs parmi lequel le gendarme Germain GOURCI. Le capitaine JONES dois donner les consignes au commandant Jean Marie BLANC et ses hommes pour accueillir et venir en aide aux troupes aéroportées qui vont atterrir à l'aube.
Dans cette camionnette il y a également le second agent parachuté, Le capitaine de frégate Léon ALLAIN. Pour lui sa mission est de rejoindre au plus tôt Toulon et prendre contact avec une autre équipe d'agents parachutés pour prendre le contrôle du port de Toulon : La mission code "Sampan", sous le commandement du lieutenant De La MENARDIERE .
Arrivé à 1 kilomètre du col du Bel homme, au nord de Bargemon, un avion en patrouille décèle les petites lueurs des phares du camion et lâche 3 bombes. JONES semble reconnaitre un avion allié … heureusement il manque sa cible à quelques centaines de mètres près et Fernand RICCO redémarre le camion qui viens d'être fortement secoué. Personne n'est blessé. il reprend sa route cette fois tous feux éteints. Bargemon, Callas, La Motte sont traversés sans encombres. Un peu avant d'arriver à Trans en Provence, dans la vallée de la Nartuby, un vrombissement assourdissant rempli le ciel dans le silence de l'aube qui se lève. L'officier américain demande à Fernand d'arrêter le camion. Tout l'équipage descend et assiste émerveillé , le cœur serré et les yeux remplis de larmes au parachutage des premiers éléments aéroportés Alliés. Le jour tant espéré était enfin arrivé… Le Débarquement..! A peine les premiers éléments du 517em régiment aéroporté américain touchent le sol que les hommes de la mission doivent se mettre à couvert et cette fois ils sont pris pour cible par les parachutiste qui pensent qu'il s'agit d'un camion ennemi !.. encore une belle peur.. Fernand RICCO arrive enfin à la ferme de Vallauri où les attendent le commandant Jean Marie BLANC, le chef de la résistance du secteur. Connaissances faites, le groupe se joint à la première vague de parachutistes et progressent en direction des Arcs sur Argens vers la mission du 517em régiment aéroporté Américain : le château de Sainte Roseline. La rivière Nartuby est franchie à gué et le premier contact avec l'ennemi est engagé aux environ de la gare de Sainte Roseline.
Fernand RICCO restera sur le secteur et prendra part aux combats avant de rejoindre son village natal.
La guerre finie, il reprendra son activité de boucher, cette fois ci au petit village de Bargemon.

Cette page est dédié à Fernand , que nous avons bien connu, et qui aimé nous raconter son action dans la résistance du haut Var, avec la modestie qui caractérise ces hommes de l'ombre bien trop souvent restés dans l'ombre.
Fernand nous à quitté en 2007 à l'âge de 94 ans. Merci à sa fille Simone, qui nous as aidé à rédiger cet article.