
François de Menthon, né le 8 janvier 1900 à Montmirey-la-Ville (Jura) et mort le 2 juin 1984 à Annecy, est une figure majeure de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, alliant engagement intellectuel, action clandestine et responsabilités politiques. Juriste, professeur de droit et fervent catholique, il s’engage dès 1940 contre l’occupation nazie et le régime de Vichy, jouant un rôle clé dans la Résistance intérieure et auprès de la France libre. Voici une biographie centrée sur son action dans la Résistance de 1940 à janvier 1945.
1940 : Les débuts dans la Résistance
En juin 1940, François de Menthon, alors professeur d’économie politique à l’université de Nancy, est mobilisé comme officier. Blessé le 18 juin 1940 lors des combats, il est fait prisonnier mais s’évade de l’hôpital de Saint-Dié, animé par une « rage d’être impuissant » face à la défaite française. Refusant l’armistice, il rejoint dès l’automne 1940 la Résistance naissante. Installé à Lyon, où il enseigne à l’université de 1940 à 1942, il commence à organiser la résistance intellectuelle et pratique contre l’occupant.
Dès novembre 1940, il fonde le mouvement Liberté, l’un des premiers mouvements de Résistance en zone sud. Ce mouvement, ancré dans des valeurs chrétiennes et démocratiques, s’appuie sur la publication d’un journal clandestin, également nommé Liberté, qui appelle à la résistance contre l’occupation nazie et le régime de Vichy. Menthon, en tant que juriste, insiste sur la légitimité de la lutte contre un régime illégal et oppressif, posant les bases idéologiques de son engagement.
1941-1942 : Fusion avec Combat et action clandestine
En 1941, François de Menthon rencontre Henri Frenay, chef du mouvement Combat, autre groupe résistant important en zone sud. Les deux hommes, partageant des convictions similaires, décident de fusionner leurs mouvements. Fin 1941, Liberté intègre Combat, devenant l’un des piliers de ce mouvement unifié, aux côtés de figures comme Frenay et Berty Albrecht. Menthon devient un des dirigeants de Combat, contribuant à son organisation, à la rédaction de textes clandestins et à la coordination des actions en zone sud.
Son activité n’échappe pas au régime de Vichy. En 1942, en raison de son engagement, il est révoqué de son poste de professeur à l’université de Lyon et placé en résidence surveillée. Cette mesure ne freine pas son action : il continue d’opérer dans la clandestinité, utilisant des pseudonymes et des réseaux pour échapper à la police de Vichy et à la Gestapo. Parallèlement, il s’engage dans la création des Comités départementaux de Libération (CDL), structures visant à préparer la libération des territoires et la restauration de la démocratie. En juin 1942, avec l’aval de Jean Moulin, il participe à l’organisation de ces comités, posant les bases de l’épuration légale post-Libération.
1943 : Ralliement à de Gaulle et rôle dans la France libre
En 1943, François de Menthon franchit une nouvelle étape en rejoignant officiellement la France libre à Londres, puis à Alger, où se trouve le Comité français de Libération nationale (CFLN) dirigé par le général Charles de Gaulle. Il est nommé commissaire à la Justice au sein du CFLN, un poste clé où il prépare les cadres juridiques de la Libération. Il travaille notamment à l’élaboration des ordonnances pour rétablir la légalité républicaine et organiser l’épuration des collaborateurs.
Depuis Alger, Menthon maintient des liens avec la Résistance intérieure, notamment via Combat et les réseaux de la zone sud. Son rôle est à la fois politique et stratégique : il contribue à unifier les efforts entre la Résistance intérieure et la France libre, tout en posant les bases d’une justice post-occupation. Son engagement lui vaut d’être nommé Compagnon de la Libération par de Gaulle, une distinction réservée aux figures majeures de la Résistance.
1944-Janvier 1945 : La Libération et les responsabilités ministérielles
Lors de la Libération de la France en 1944, François de Menthon revient en métropole et conserve son rôle de garde des Sceaux (ministre de la Justice) dans le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Il supervise la mise en place de l’épuration légale, cherchant à concilier justice et réconciliation nationale. Son approche, marquée par son catholicisme et son humanisme, vise à éviter les excès de la vengeance tout en sanctionnant les collaborateurs.
En parallèle, il reste actif dans la consolidation des acquis de la Résistance. Il soutient la création du Mouvement républicain populaire (MRP), un parti démocrate-chrétien issu des idéaux résistants, dont il deviendra une figure centrale après la guerre. Jusqu’en janvier 1945, il continue de jouer un rôle déterminant dans la reconstruction de l’État républicain, tout en préparant sa participation au procès de Nuremberg, où il représentera la France comme procureur général en 1946.
Source:
-www.ordredelaliberation.fr
-Frenay, Henri. La Nuit finira : Mémoires de Résistance, 1940-1945. Paris : Robert Laffont, 1973.
-Belot, Robert. La Résistance sans de Gaulle. Paris : Fayard, 2006.
-Wieviorka, Olivier. Histoire de la Résistance, 1940-1945. Paris : Perrin, 2013.
-Menthon, François de. Le Procès de Nuremberg. Paris : Plon, 1946.