
Eugène, Joseph CORNU est né le 1er avril 1906 dans la petite commune de Méailles dans les Alpes de haute Provence (à l'époque Basses-Alpes). Il est le 3em des quatre enfants de Joseph Séverin, agriculteur et d' Angèle DEVES.
Après l'école communale il apprend le métier de maçon avec son frère Louis, il construira entre autre la route et le pont du Barlet dans la commune du Fugeret. Puis il rencontre sa future épouse Madeleine STELLARDI avec laquelle il se mari à Contes, alpes maritimes le 09 avril 1927.
De cette union naitra cinq enfants. En 1935 la famille quitte Méailles pour s'installer dans le village d'Annot avec son plus jeune frère Louis.

Eugène CORNU va alors racheter le moulin à farine à la famille MATHELIN que la famille avait convertie en scierie depuis la première guerre.
L'activité fonctionne bien avec les nombreux exploitants forestiers de la région. Quand la France capitule, le gouvernement de Vichy instaure Les Chantiers de Jeunesses et le Service du travail Obligatoire (S.T.O).
La scierie et les entreprises forestières vont être le refuge de bon nombre de jeunes qui seront réfractaires au départ en Allemagne, ou qui refuseront de retourner servir Vichy.
Dés 1942, Eugène CORNU décide de "Résister" et rejoint le réseau JOCKEY dirigé par Francis CAMMAERTS réseau créé et rattaché au S.O.E anglais (Spécial opération Exécutive) .
Avec quelques amis il va préparer et organiser un terrain de parachutage sur un plateau au Sud d'Annot.

Parmi ces jeunes réfractaires, il verra un jour arriver fin 1943 à la scierie un jeune boulanger de Draguignan en fuite depuis des mois pour ne pas avoir rejoint les chantier de jeunesse. Recherché, un ouvrier de la scierie promet à Julien VIARD qu'il y a la possibilité de rejoindre un maquis. Hélas pour lui, méfiant, Eugène CORNU ne lui donnera pas satisfaction. Après 3 jours d''attente, hébergé à la scierie il reprendra sa route et rentrera à Draguignan. En avril 1944 par imprudence, le jeune VIARD se fait arrêter par la feldgendarmerie lors d'un contrôle à la sorti du cinéma Eldorado. Conduit aux bureaux de la Gestapo de Draguignan, son chef, KOBBER lui propose lors de son interrogatoire de travailler pour lui, plutôt que de partir en déportation. Il dois se contenter d'infiltrer la population et dresser des listes de Gaullistes et communiste, il sera payé au mois plus à la tête et avoue dans son procès avoir perçu 500 francs pour chaque opération. Il y a donc de fortes chances que ce soit lui et son camarade MASSIACH qui donnent à la Gestapo l'information sur l'activité de résistance qui se passait autour et à la scierie d'Eugène CORNU de Annot.
Le 24 avril au matin, une expédition est organisée avec les chefs allemands de la gestapo de Draguignan, KOBBER, HOLTZ, CHRISTOPHERSEN et les agents français fraichement recrutés CANDOMI, MASSIACH et le jeune VIARD qui connaissait parfaitement les lieux pour y avoir séjourné il y avait moins d'un an.

Voici le témoignage de Marcel MASSIACH, agent français de la gestapo lors de son procès que nous avons retrouvé aux archives (12W25ADV)
"A Annot, en compagnie de Christophersen, Kobber, Holtz Candoni et Viard, j'ai participé à l'arrestation d'un meurtrier et de deux autres personnes. C'est Viard qui avait indiqué cette affaire. Nous sommes arrivés en camionnette et nous nous sommes arrêtés à une cinquantaine de mètres de l'habitation du menuisier. Je suis resté près du véhicule pendant que les autres pénétraient dans la maison avec Viard. Ils en sont ressortis avec trois hommes. En approchant de la camionnette le chef Christophersen à déposé sa mitraillette sur l'arrière du véhicule. L'une des personnes arrêtée s'est emparé de cette arme avec l'intention de tirer. Alors j'ai prévenu de son geste et j'ai tiré. Il est tombé mort..."

suite du récit de MASSIACH : " l'un des deux autres à été relâché sur les indications de Viard et le troisième à été ramené à Draguignan. Avant notre départ, sous la conduite de Viard, les policiers allemands sont allés dans un cabanon à l'extérieur d'Annot pour rechercher des armes qui ont été emportées à Draguignan. Il y avait des revolvers, des munitions et même des mitraillettes."


Les obsèques d'Eugène CORNU auront lieu le 1er mai 1944 avec un grand nombre de la population de la région. Lors de nos recherches, nous avons retrouvé le procès de Gaby THIBAUD, maitresse du chef CHRISTOPHERSEN qui avoua : " Monsieur CORNU à été abattu par MASSIACH et par la suite, mon ami m'avait donné l'ordre d'assister aux obsèques et de prendre des photos pour identifier d'autres membres du réseau. Je suis allée aux obsèques mais je n'ai pas eu le courage de m'exécuter quand a prendre des photographies. A mon retour au bureau de la Gestapo, le chef KOBBER était furieux contre moi ne m'étant pas conformée aux ordres reçus..."
Julien VIARD, Joseph CANDONI, Marcel MASSIACH et Gaby THIBAUD seront condamnés a mort par la cour de justice de Draguignan. Ils seront exécutés dans la même ville début octobre 1944 à l'exception de Gaby THIBAUD qui aura un recours en grâce compte tenu qu'elle donnera sans hésitation lors de son procès la totalité des membres de la gestapo locale et de leurs collaborateurs français. Elle sera frappée d'indignité nationale, travaux forcés à perpétuité et confiscation des biens présents et a venir.

Travaux de recherches et photos opération-dragoon.com, Sources Archives nationale des armées, archives départementales Var et Alpes de Haute Provence, cour de justice 12W21/25/30/31. Commune d'Annot, Méailles, Draguignan. Maitron