COEURET Francis, Abbé, résistant, Villars sur Var.

Francis Coeuret est né le 18 juillet 1906 à Plouguenast dans les Côtes d’Amor en Bretagne.

Avant de venir à Villars, il exerce  ses fonctions sacerdotales de 1932 à 1934 à Villeneuve-d’Entraunes, puis de 1934 à 1942 à Saint-Pierre d’Arène à Nice où l’Abbé Coeuret s’occupe activement des jeunes de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne.  Dès juin  1940, il  aide  secrètement tous ceux qui cherchent à fuir la répression allemande.

 L’Abbé a un parcours atypique, c’est un ancien officier de char qui en qualité de réserviste à participer à la campagne de 1940 !

 Craignant pour lui et ses activités de résistance, l’évêché décide le muter à Villars-sur-Var en 1942.

 



L’Abbé s’était en effet engagé dans les Forces Françaises Combattantes (F.F.C.) pour la durée de la guerre en tant qu’agent permanent de renseignement du réseau Gallia.  Il passe ses nuits à coder et transmettre des télégrammes à Londres, sur les actions de résistances, les mouvements de troupes, et l’organisation des lignes de défenses ennemies. Il fonde sous le nom de Benoît-Saint,  le maquis du groupe Combat à Sarzit. Il le ravitaille en chargeant sur sa moto des moutons car selon ses mots « un maquis qui ne mange pas devient dangereux ».

• L’homme diffuse des tracts, des journaux…

• Assure la liaison avec le maquis F.T.P  (Francs-Tireurs et Partisans), caché de l’autre côté du Var, dans le bois des Collettes, non loin de Malaussène…

• Cache des juifs, ayant échappé à une rafle à Ascros.

 





A la veille de Pâques 1944, un samedi, les allemands décide de monter à Villars-sur-Var, pour réquisitionner une vingtaine d’hommes pour récupérer des armes parachutées et cachées dans une grotte sur le plateau de Dina.  A la gare, Julie Longhi, qui tient la cabine téléphonique appelle le receveur des postes du village Joseph Geay « Les doryphores sont en train de monter ».  Tous les hommes, à l’exception de deux et les israélites cachés aux villages disparaissent. Les allemands se mettent à fouiller les maisons, et menacent : « Nous allons revenir, mais s’il n’y a pas d’hommes quand on revient, on fout le feu ».

L’Abbé Coeuret décide de sortir. Protégé de sa seule soutane, il part discuter avec les allemands (par le truchement de Madame Dalmas, parlant la langue).  Il explique que tout le monde est occupé à l’extérieur du village. Le temps que les Allemands se rendent à Massoins et reviennent, l’abbé pour protéger les jeunes du S.T.O (Service du Travail Obligatoire) trouve une quinzaine d’hommes plus âgés qui se dévouent pour le village.

Les allemands, à leur retour de Massoins, ramène un homme ligoté qui s’est enfui. Il s’apprête à le fusiller. L’abbé intercède en faveur du « terroriste ».  « Bien sûr, qu’il s’est enfui, il était en train de tuer un mouton et il a eu peur ! ». Le bougre sera libéré deux ou trois jours plus tard…

 



L’Abbé intervient nouvelle fois à la gare Malaussène encerclée par des soldats allemands, un dimanche matin d’août 1944 en cherchant à sauver un de ses agents qui devait prendre le train. Il est interpellé par un officier allemand furieux de n’avoir rien trouvé et lui répond laconiquement qu’il vient faire la messe. Un enfant du village prit à partie et tremblant face aux mitraillettes ne peut témoigner, quant à l’abbé, difficile de voir sa soutane troussée sur une salopette !En septembre 1944, l’Abbé Coeuret participe aux combats de la Libération avec une compagnie de l’O.R.A. Il est blessé sur l’Authion en qualité d’officier de Chasseurs Alpins. 

L’Abbé exerce son ministère à Villars-sur-Var jusqu’en 1950, puis est nommé à Antibes et Cannes.

Ses actes de bravoure valurent  à ce « Soldat de Dieu et de Liberté » la Légion d’Honneur, La Croix de guerre avec Palmes et la Médaille des Justes.

Il décède le 29 décembre 1995 à l’âge de 89 ans.



Source : Bourrier-Reynaud Colette (sous la direction de), Villars-sur-Var et la résistance, édition de la Mairie de Villars-sur-Var, 1997.

Rédacteur : Philippe Thomassin, Roudoule, écomusée en terre gavotte.

 Cote : 06158-IM-00027

 Institution : Lou Savel

 

Fonds : Fonds Muller Freddy